Gunung Merapi
Selamat pagi les internautes,
Cette fois, nous voilà partis affronter le volcan le plus actif de Sumatra, le Merapi, 2891 m dont l’accès est parfois considéré comme dangereux.
Départ donc de notre hôtel à 22h30 pour 12h de randonnée. Sur la route, on demande la signification de « Merapi » car il y a sur Java, un volcan du même nom. Mr Ju, le chauffeur de la voiture qui nous mène à Koto Baru, point de départ du trek, nous apprend qu’« api » veut dire le feu et que donc, « merapi » pourrait se traduire par la montagne de feu.
A 23 h, nous sommes rendus. A bukittinggi, la pollution lumineuse nous voilait le ciel mais ici, à la sortie de la voiture, la voute céleste est magnifiquement étoilée. La météo semble avec nous, c’est déjà ça… On dessine ainsi sans aucune difficulté la constellation du Sagittaire puis, notre regard balaie quelques milliers d’années lumière pour aller se poser sur celle du Scorpion, au sein de laquelle la géante rouge Antarès, scintille de son éclat rubis. Le Scorpion, de son dard inoffensif, pointe la voie à suivre…
Nous entamons alors les quelques 1300 m de dénivelé qui nous attendent dans le noir. Hypnotisés par le faisceau de nos frontales, nous percevons quand même que dans un premier temps, nous longeons des champs, puis pénétrons dans une forêt de pins avant de rentrer, pour les heures à venir, dans la jungle qui tapisse les flancs du volcan.
Notre guide (en fait un étudiant appelé à la dernière minute pour nous accompagner) s’appelle Hill, ce qui se traduit en anglais par « colline ». Et nous nous rendons vite compte qu’il n’est pas taillé pour ce genre de marche. Fragile colline au pied de la montagne, il peine dans la montée. Il faut dire que ce n’est pas si facile, à cette heure là, au mieux on dort au pire, c’est aidés par quelques verres que l’on reste éveillés jusque tard dans la nuit mais on n’est pas fait pour marcher à pareille heure ! A cela s’ajoute la difficulté du terrain. C’est humide et la terre argileuse s’est transformée en boue glissante et il faut enjamber des racines qui forment parfois des marches de plus d’un mètre. Nous glissons et levons donc haut la jambe sur les 4 premières heures d’ascension. Hill, ne sait plus où s’asseoir alors que nous le pressons à ne pas faire trop de pause tant que nous ne sommes pas sortis de la jungle afin de savourer un bon café bien chaud avant la grimpette finale.
Nous arrivons donc à 3h45, aux limites de la partie rocheuse. Hill fait bouillir de l’eau pour nous préparer des nouilles instantanées et un bon café du pays, un jus qui réveillerait un mort. Par ailleurs, il ne se fait pas bavard et plonge dans un immense sac plastique noir pour ne pas avoir froid, il se fond dans l’obscurité…
Ce n’est pas grave, le spectacle est ailleurs depuis que nous sommes sortis de l’épaisse forêt. Au dessus de nos têtes, les constellations ont tourné et nous voyons nettement ce qu’on appelle le Triangle de l’été, traversé par la voie lactée. On forme cette figure en joignant 3 étoiles qui se détachent des autres, Véga dans la constellation de la Lire, est celle qui brille le plus. On la relie ensuite à Altaïr, dans celle de l’Aigle puis à Deneb, dans celle du Cygne.
A nos pieds, dans la vallée, les lumières de Bukittinggi et de Payakumbuh tentent de rivaliser avec leurs constellations électriques… Le spectacle est magnifique. Et s’il n’y pas de photos de cette marche nocturne, ces images voyagent vers les nébuleuses de notre mémoire.
Nous repartons en direction du cratère un peu avant 5 h. Cette partie là est également difficile car les scories volcaniques sur lesquelles nous évoluons roulent sous les chaussures. Rocks after roots !!!
Enfin, nous arrivons un peu avant 6 h sur une bosse qui domine le cratère d’où émane une fumée blanche au parfum sulfureux.
Derrière le flanc qui nous fait face, à l’endroit où le soleil va naître, la nuit commence à pâlir et la dance des étoiles va se terminer. Cassiopée, les Pléïades et le Taureau dans laquelle Aldébaran, une autre géante rouge, joue le premier rôle, mettent fin à la représentation. Place au soleil, petite étoile naine autour de laquelle satellite notre bonne vieille Terre.
Au Merapi, au Singgalang également, de percer au travers de la brume et de se dévoiler dans l’aube qui mûrit alors que les silhouettes noires des roussettes, ces grandes chauves-souris frugivores qui regagnent la jungle, sont autant de lambeaux de la nuit évanouie…
Après une heure passée à vagabonder et prendre des photos dans ce décor lunaire, nous entamons notre redescente. La partie sur les rochers s’avère encore plus casse-gueule et celle dans la jungle, un calvaire pour nos genoux. Néanmoins, nous découvrons ce que nous avons monté sous un autre aspect et si la présence de sacs plastiques et autres bouteilles vides aperçues dans le noir se confirme, la jungle dévoile sa beauté. Il y a là une multitude de fougères, des fleurs en quantité, des palmiers de différentes espèces, des arbres recouverts de mousse, des lianes, des pandanus, des bambous enfin, c’est vraiment riche…
A 11h30, nous arrivons au pied du volcan. Nous avons les jambes cassées et on sent bien les 11h passées à marcher sur les 12 qui viennent de s’écouler.
Cette marche de 20 km dans la nuit aura été éreintante mais restera une belle expérience. Du toit de notre hôtel, par delà les minarets, nous souhaitons bonne nuit au Gunung Merapi. Ce dernier nous répond par de paisibles signaux de fumée…
Selemat tinggal… avant de vous retrouver depuis le lac Toba, dans la partie nord de Sumatra, berceau de la culture Batak.