Le pays Ende-Lio

Publié le par aroundlatierra.over-blog.com

 

Selamat malam,

 

Après cette journée de « pulsion de vie, pulsion de mort », nous prenons la route pour Ende, au cœur du pays Ende-Lio mais notre premier arrêt du jour se fait à Wogo, toujours en pays Ngada. Avec 9 groupes de ngadhu et de bhaga entourés de maisons traditionnelles, Wogo est l’un des plus grands villages du secteur et l’un des plus authentiques (malgré la présence de la fée électricité mais on ne saurait leur en vouloir !). Très différent de Bena dans son agencement, ce village est plus étalé, plus spacieux, constitué d’une large place dont les limites sont les habitations des locaux. Nous y faisons la connaissance de Laetitia, 35 ans, qui nous fait pénétrer dans sa modeste demeure. Guide touristique jusqu’à récemment, cette dernière traverse en ce moment une période délicate car elle vient d’être quittée par son mari et se retrouve  avec un petit bout de choux de quelques mois seulement sur les bras. C’est ce qui l’a amené à arrêter son job. Elle vit donc dans cette maison avec sa mère, Elisabeth et son frère Mickaël, qui lui, s’occupe tendrement de sa toute petite nièce. Ils s’entraident les uns les autres pour joindre les deux bouts, comme on dit chez nous. Ils nous font un accueil chaleureux et Laetitia nous donne quelques explications sur les us et coutumes des Ngada. Nous lui disons que nous en avons eu un formidable aperçu la veille avec la cérémonie à laquelle nous avons assisté et elle nous confirme que nous avons eu beaucoup de chance d‘être témoin de tout ça. Merci la providence !

Arrive le moment de se quitter pour poursuivre notre route, encore et toujours mais voilà, après Bali, Flores c’est aussi le bonheur de ces échanges  retrouvés avec les indonésiens.

 

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Notre deuxième stop se fait au marché de Boawae, à 41 km de Bajawa. C’est le centre des populations Nage-Keo de la région. Nous sommes cependant toujours en pays Ngada, au pied du volcan Ebulobo qui se trouve aujourd’hui sous les nuages. Heureusement pour nous, nous l’avions bien vu il y a 3 jours en nous rendant aux sources d’eaux chaudes de Soa. Notre arrêt à Boawae se fait dans un but précis, son pasar. En effet, c’est dans ce marché plein de vie que l’on trouve les plus beaux ikats de la région.

Mais Jamy, qu’est ce que c’est un ikat ?

Ben Fred, écoute ça, c’est un peu la spécialité des petites îles de la Sonde, ces fameuses Nusa Tenggara où se trouve actuellement la famille Clozeau…

Le terme indonésien ikat qui signifie « nouer » ou « lier », désigne les étoffes aux motifs élaborés dont les fils, avant d’être tissés, sont minutieusement noués et teints avec des couleurs. Ils arborent une étonnante variété de couleurs et de motifs. Les plus connus sont les spectaculaires ikats de Sumba et ceux aux motifs complexes de Flores (dont les linceuls kapita).

La technique de l’ikat a probablement été introduite en Indonésie il ya 2 000 ans par des migrants qui importèrent la culture dongsienne du sud de la Chine et du Vietnam.

Les styles d’ikat varient selon les villages et le sexe de la personne qui le porte. Par ailleurs, certains modèles sont réservés aux occasions spéciales. Dans certaines régions de Nusa Tenggara, la dot de la mariée comprend des tissages de qualité supérieure. Jusqu’à il y a peu, à Sumba, seuls les membres des clans les plus élevés pouvaient fabriquer et porter des ikats. Certains motifs étaient traditionnellement réservés à des familles nobles (comme à Sumba et à Rote) ou aux membres de tribus ou de clans spécifiques (à Sabu ou chez les Atoni au Timor-Oriental). L’ikat a depuis quasiment perdu cette fonction d’indicateur social.

Un petit mot maintenant sur sa confection, car c’est un processus compliqué et bien précis, vous allez voir.

Le tissu est traditionnellement en coton, filé à la main. L’ensemble de la fabrication, de la plantation du coton au pliage du produit fini, est assuré par les femmes. Une fois le coton récolté, le filage s’effectue au moyen d’un fuseau. Le fil est renforcé par immersion dans des bains de manioc, de riz ou de maïs broyé, puis enfilé sur un dévidoir.

Les teintures traditionnelles sont réalisées à partir de produits naturels. Le procédé le plus complexe donne une couleur rouille obtenue à partir de l’écorce et des racines (kombu) d’une plante, le mengkudu. Les teintures bleues viennent de l’indigotier, le violet et le marron s’obtiennent en plongeant l’étoffe dans une teinture bleu foncé puis une teinture kombu. On noue des fibres imperméables sur les parties ne devant pas recevoir de couleur. En effet, chaque couleur nécessite la répétition du procédé de préparation et de teinture, en tenant compte de l’effet produit par chaque teinture appliquée. Cette étape requiert beaucoup de savoir-faire car le coloriste doit déterminer avec précision, avant le tissage des fils, quelle partie du fil va recevoir chacune des couleurs afin d’obtenir le motif final. Un travail de dingue, on vous l’avait dit !!!

Enfin, après teinture des fils, le tissage se fait sur un simple métier à tisser manuel…

Revenons donc au pasar de Boawae où Audrey a finalement trouvé son ikat, après quelques négociations sur les prix mais sans trop abuser non plus quand on sait la somme de travail que cela représente. Sinon, on y a vu les stands habituels de fruits et légumes, de poissonniers (trop bon le thon fumé…), de chèvres, buffles d’eau et chevaux et un petit marchand de parang, ce long sabre dont se sont servis les Ngada de Bena pour les sacrifices des animaux que nous avons vu la veille, et qui sert aussi au travail dans les champs et à plein d’autres tâches du quotidien. Ce n’était pas franchement raisonnable, mais j’ai craqué…

Un  parang + un ikat = de magnifiques souvenirs de Flores que vous retrouverez dans la déco de notre « chez nous » quand nous en aurons un, si ça arrive un jour…

 

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Ensuite, nous sommes enfin arrivés en pays Ende, au bord de mer, en posant nos pieds sur la superbe plage de Nangapanda aux jolis galets bleu et vert pâle. Ces galets sont ramassés par hommes, femmes et enfants puis sont envoyés sur Java d’où ils seront exportés pour le Japon. Là-bas, ils serviront à l’élaboration des célèbres jardins japonais.

 

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Enfin, nous avons fini par rejoindre Ende, ville de 65 000 habitants et plus grand port de Flores. Le cadre est une fois de plus grandiose avec ces deux volcans, le Gunung Meja (661 m) et le Gunung Iya (637 m), sentinelles sulfureuses veillant religieusement sur la ville.

 

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Après une bonne nuit de sommeil et un réveil sonné par des problèmes de transit pour tous les 4 (merci les bons petits plats du warung, genre de snack de cuisines locales pour estomacs locaux, de la veille au soir !), nous sommes allés faire un tour au marché aux poissons puis, à celui aux ikats (assez réputé dans la région lui aussi). Ce coup-ci, nous avons su être raisonnables et n’avons pas fait de folie mais c’était une fois encore de belles ambiances, tout près d’une plage de sable noir près de laquelle étaient ancrés quelques bateaux de pêcheurs.

 

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Après ça, nous sommes allés visiter le musée de la Mer avec une collection de coquillages fournie mais pas très bien entretenue, dommage… Ca a signé la fin de notre passage à Ende et nous avons pris la direction de Wolotopo.

Sur la route qui nous y a conduits, nous nous sommes régalés des vue magnifiques sur la côte déchirée, aux cocoteraies verdoyantes et aux plages de sable ébène. L’écume blanche des vagues qui viennent mourir sur la grève contraste joliment sur ce sable noir et si on ajoute à cela un ciel chargé de lourds nuages, ça crée de belles ambiances dramatiques et donnent aux paysages une autre dimension.

 

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Enfin, nous arrivons à Wolotopo où nous attendent deux belles maisons traditionnelles sur plusieurs niveaux, de talentueuses tisseuses d’ikats, des enfants souriants et surtout une séance photo mémorable avec les femmes d’une des maisons traditionnelles, qui s’éclatent à essayer mes lunettes de soleil et nous révèlent dans leur crise de rire, des sourires bételisés ravageurs et ravagés (cf. le jeu 2 sur le bétel). Un grand moment dont on se souviendra longtemps (on adore ces contacts où les barrières de la langue disparaissent et ouvrent les portes d’un authentique échange) et elles aussi puisqu’on leur a promis de leur envoyer les photos. Ce sera aussi l'occasion pour Joëlle de donner une leçon d'anglais à des jeunes filles du village...

 

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Après cette heure délicieuse passée à leurs côtés, nous prenons de l’altitude, traversons de belles rizières, des gorges profondes et le petit bled de Detusoko pour arriver à Moni, pittoresque bourgade en terre Lio mais toujours en pays Ende (compliqué, hein ?) située aux pieds du Kelimutu. Ce dernier est le volcan aux 3 lacs de cratères, chacun d’une couleur différente, que nous devons aller voir le lendemain matin.

 

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Mais pour finir cette belle journée, le soir venu, nous sommes allés voir un petit spectacle de danses traditionnelles, en plein air, dans un froid glacial, et à la seule lumière d’un  pauvre néon. Dur, dur pour les danseuses et les photos mais on a bien apprécié la polyphonie de ces chants aux sonorités parfois proches des chœurs polynésiens. Parfait avant d’aller se coucher, les douces mélodies continuent de nous bercer et nous sombrons sans mal dans un sommeil exotique…

 

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Faites de beaux rêves vous aussi et réveillez vous à l’heure pour ne rien louper du Kelimutu et, de notre prochaine et dernière étape à Flores dans la ville de Maumere.

Tata la bande…

 

 

Publié dans INDONESIE

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