Yangon
Ca y est , nous voilà enfin sur le sol birman ! C’est un rêve qui se réalise après la croisière plongée faite dans l’archipel Mergui il y a 2 ans.
Après 50 mn de vol et de formulaires à remplir pendant ce dernier, on se retrouve vite dans le vif du sujet.
En effet, alors que nous sommes entrain de récupérer nos sacs un homme s’approche, nous demande de quel pays nous venons, combien de temps nous comptons rester dans le pays et enfin où nous comptons dormir le soir. Là, nous lui disons que nous avons choisi un petit hotel, le White House Hotel, et sa remarque ne se fait pas attendre :
« Si vous allez dormir là, vous n’êtes pas des amis du peuple birman ! »
OK, ça c’est dit…On voit qu’il souhaite nous en dire plus mais il regarde un coup à droite un coup à gauche, on lui dit qu’on a compris et lui demandons alors de nous indiquer une adresse pour passer la nuit car nous ne souhaitons rien de plus qu’être amis avec lui et ses semblables. Un autre homme s’approche et il a juste le temps de nous glisser qu’il y a plein de petits guest house en ville.
Nous trouvons donc à nous loger au Daddy’s Home, qui comme nous l’apprendrons plus tard en discutant avec d’autres voyageurs, se trouve dans la norme de ce qu’il se fait pour notre budget de routards c'est-à-dire hors de prix en regard de la prestation :
18 dollars pour une piole lugubre, dans un quartier qui l’est plus encore, sans fenêtres et avec une clim’ et un ventilo hors d’usage et apparemment, on s’en sort bien car d’autres ont payé plus cher !
Au final, après 2 nuits, on finira par dormir dans une autre chambre, pour 12 dollars, sans que les 6 dollars de différence soient justifiés bien au contraire, puisque dans celle-çi au moins la clim’ fonctionne.
Voilà pour les « péripéties logement » … Passons maintenant à la ville.
C’est super crade et super pauvre, comme on pouvait s’y attendre. Les trottoirs sont défoncés, les façades pourries mais derrière tout ça on devine quand même la splendeur que devait revêtir la ville autrefois.
Les bâtisses coloniales comme l’hôtel de ville et la haute cours de justice sont superbes et les nombreuses pagodes donnent du charme à certains quartiers.
Enfin, avant de parler visite, parlons un peu de bouffe puisqu’en bons français que nous sommes ça a toute son importance, non ?
Ben voilà, je pensais avoir une tolérance de 10/10 sur la « cuisine » de rue après avoir mangé du pâté de tête dans un marché bolivien pas très reluisant, des petites brochettes d’abats un peu partout au Pérou, goûté aux sauterelles, larves et autres scorpions grillés en Thaïlande ou encore dégusté un bon vieux kava « mouth made » au Vanuatu mais là, devant ce qui s’offre à nous dans la rue, je dois revoir ce seuil de tolérance et le rabaisser à…disons 8/10. Tout paraît douteux mais bon, en faisant quand même super gaffe, on se laisse tenter par 2,3 plats histoire de ne pas mourir idiots et encore moins de faim !
Allez, passons à des choses plus intéressantes, voilà aussi ce que nous avons beaucoup aimé dans cette ville qui, vous l’avez bien compris, ne laisse pas indifférent.
J1 :
Nous commençons par la visite de la pagode Sule, 48 m de haut, qui se trouve au cœur de la ville au beau milieu d’un rond-point ce qui en fait certainement un des plus beaux du monde.
Ses origines remontent à la préhistoire mythique de la Birmanie.
La légende raconte qu’en 230 av. J.-C., l’empereur indien Ashoka envoya à Thaton 2 missionnaires, Sona et Uttara, munis d’un cheveu du Bouddha. Le roi môn de cette ville les autorisa, après quelques hésitations, à ériger un édifice au pied de la colline de Singuttara pour y conserver la sainte relique.
Pendant des siècles, cette pagode fut connue sous le nom môn de Kyaik Athok, la pagode contenant le cheveu sacré. Le nom actuel fait vraisemblablement référence au nat Sule, le génie protecteur du mont Singuttara.
Elle témoigne aussi du syncrétisme qui s’est opéré au Myanmar entre l’hindouisme, le culte animiste des nat et le bouddhisme. C’est le lieu de rdv des astrologues et autres diseurs de bonne aventure.
Ensuite, après avoir évité de tomber dans les canalisations de la ville, nous sommes allés visiter la pagode Botataung, littéralement « 1000 chefs militaires » (bo tataung), qui évoque le millier d’hommes qui assistèrent à la fondation du monument il y a plus de 2000 ans.
Le stupa abrite, là aussi, des reliques du Bouddha, cheveu et dent, apportées par 8 moines indiens. 
Dans l’enceinte de la pagode se trouve un bassin où nagent des milliers de tortues et de gros poissons-chat qu’on peut nourrir pour obtenir des mérites bénéfiques pour son karma. Audrey n’y a pas résisté…
Après, nous sommes allés prendre un petit bol d’air pur sur les bords du lac Kandawgyi et s’émerveiller devant la reproduction d’une barge royale birmane, le luxueux restaurant Karaweik. Sa proue et sa poupe évoque le Karaweik ( quelle surprise ! ), oiseau aquatique de la mythologie indienne, qui porterait sur son dos une pagode à plusieurs étages.
Pour finir, nous sommes allés à l’Alliance française pour avoir la confirmation que l’accès à la messagerie d’hotmail était bien compliqué et qu’il nous serait également impossible de tenir notre blog à jour, merci à la paranoïa du gouvernement.
J2 :
Rencontre avec un vieil homme qui nous amènera voir une autre petite pagode pleine de charme, Sein Yaung Chi, la pagode du Diamant Eteincelant, dont les murs sont recouverts d’éclats de mirroirs et lui confère cet aspect éblouissant.
Puis il nous guidera ensuite dans la pagode Maha Wizaya qui renferme des reliques offertes par le roi du Népal et de superbes peintures retraçant des passages de la vie du Bouddha.
Ensuite, il nous a conduit au Kyauk Htat Gyi, un pavillon qui abrite un immense bouddha couché de 70 mètres de long et fait traversé le monastère voisin où vivent 600 moines qui se consacrent à la méditation et l’étude de vieux textes pâli.
Autour d’un « bon » repas il nous apprendra quelques mots birmans, assez difficiles à prononcer, m’offrira un chapelet de prière béni par les moines et qui me protègera toute la vie ( à condition que je ne me baigne pas avec sinon, ces pouvoirs s’en iront ). En échange, je lui ai offert la petite montre solaire que je portais autour du cou.
Une vrai belle rencontre qui nous pousse à faire tous ces km loin de chez nous…
Enfin, on terminera cette journée en amoureux lui et moi…, non je plaisante, avec ma toute belle et tendre Audrey, par la visite du Shwedagon.
Aah, le Shwedagon, qui au sommet du mont Singuttara veille sur Yangon, est tout simplement majestueux.
Ce magnifique stupa de 100 m de haut brille de tous ses ors. C’est le sanctuaire bouddhique le plus sacré du Myanmar.
Pas étonant quand sait qu’il abriterait 8 cheveux du Bouddha historique, des reliques de 3 autres bouddhas du passé. Pour les yeux, c’est une pure merveille, certainement un des plus beaux ,monuments qu’il nous ait été donné de voir. Il est entièrement recouvert de plaque d’or et à son sommet resplendissent pas moins de 5448 diamants et 2317 rubis, saphirs et topazes coiffés d’une énorme émeraude.
Tout autour s’élèvent au moins une bonne centaine d’édifices tous plus beaux les uns que les autres.
Selon la légende, l’origine du site remonterait à plus de 500 ans av J.-C. Deux marchands venus d’Inde, Tapussa et Bhallika, rencontrèrent Siddharta Gautama après que celui-çi ait atteint l’Illumination à la suite de 49 jours de méditation. Il lui offrirent du gateau au miel et il les remercia en leur offrant 8 de ses cheveux.
C’est un lieu de pèlerinage pour de nombreux bouddhistes, ça se comprend, non ?
Allez, j’arrête de vous barber avec tous ces détails mais bon c’est tellement poétique que de nos jours ça ne fait pas de mal…
Enfin, savourez ces mots de Rudyard Kipling dans Lettres d'Orient :
"Alors un mystère doré se leva à l'horizon - une merveille scintillante et superbe qui éteincelait au soleil. Ce n'était ni un dôme musulman ni la flèche d'un temple hindou. Elle se dressait sur une butte verdoyante...
"Voici le vieux Shwedagon" dit mon compagnon...
Le dôme d'or me dit "Voici la Birmanie, pays différent de tous ceux que tu connais" "
J3 :
Grosse glande et rencontre de 2 français bien chocs, Patrick et Denis. Merci à eux pour les bonnes crises de rire. Demain, fini Yangon et poursuite de l’aventure…